Ce document m'a été envoyé par Mademoiselle Jeannette Guenet. (Montréal)
Il lui avait été transmis le 21 août 1986 par soeur Elisabeth Parent du Monastère de l'Hôtel-Dieu de Québec.
La transcription en page web a été faite à l'aide d'un programme de reconnaissance de caratères.
La mise en page, la graphie et le texte sont donc respectés au mieux



LETTRE CIRCULAIRE de la REVERENDE MERE MARIE de SAINT-IGNACE,
PREMIERE SUPERIEURE de L'HOTEL-DIEU

 

Le 5e novembre 1646, la Mère Marie de Saint-Ignace, Religieuse
Hospitalières de la Miséricorde de Jésus, mourut saintement en son monas-tère par elle établi en l'Hôtel-Dieu de Québec, pays de la Nouvelle-France, cinq jours après que les navires furent partis pour leur retour en France.
Elle laissa à tout le pays un regret extrême de sa mort et une haute estime

de sa vertu.

Elle était âgée de 36 ans dont elle en avait consommé 22 en religion,
elle donna les sept dernières années à l'hôpital du Canada le gouvernant
avec une singulière prudence six ans entiers, puis employant le dernier
pour se disposer à une sainte mort par un martyr de diverses maladies.

 

Elle avait l'esprit très vif, le jugement fort bon, la naturel coura-
geux, libéral et charitable. Elle était native de Rouen, fille de Mr Guenet,
marchand. Dès sa première jeunesse, demeurant encore en la maison de son
père, elle ne pouvait voir un pauvre sans en avoir compassion et sans un
violent désir de l'assister: elle importunait sans cesse ses parents de leur
faire l'aumône; et sitôt qu'elle avait congé, elle courait chercher leurs
nécessités, et se jetait sur tout ce qu'elle trouvait et rencontrait en la
maison pour précieux qu'il fût. Elle se portait dès ce temps-là avec une
extrême ferveur ! la prière, et fallait souvent que sa mère la détournât
par violence. Elle souhaitait avec passion de rencontrer un hôpital bien
réglé et où l'observance régulière se gardât avec la c1ôture, afin d'y ex-
ercer ensemble la vie religieuse et la charité envers les pauvres de Jésus-
Christ, car c'était là toutes ses délices.

 

Notre-Seigneur lui accorda l'exécution de son désir, car comme elle
était en cette disposition, un Père de la Compagnie de Jésus lui parla

de l'Hôpital de Dieppe et de la réforme qui s'y était faite, du beau régle-
ment et de la c1ôture qu'on y gardait, de la charité qu'on y exerçait en-
vers les pauvres; elle fut ravie de cette rencontre, et importuna tant son
père et sa mère qu'il lui accordèrent d'y être religieuse. Sa mère la me-
nant à Dieppe trouva que la peste était dans la ville et dans le couvent,
d'où l'on avait tiré partie des Religieuses pour les sauver du danger.

Elle la voulut ramener chez elle; mais il lui fut impossible de lui faire
consentir. Elle aima mieux d'être avec les pauvres de Jésus-Christ en
danger de peste et de mort , que de se voir en danger de sa vocation par le
retardement qui souvent en perd plusieurs.

 

Etant en son Noviciat il fallut que sa maitresse veillât continuelle-
ment sur elle, afin de réprimer son ardeur aux exercices de dévotion. Elle
aimait uniquement les offices les plus bas, et demanda avec instance d'être
sœur converse, mais on ne voulut jamais lui accorder, ny priver cette com-
munauté des talents que Notre-Seigneur lui avait communiqués pour les pre-
mières charges. Elle fit ses voeux, après lesquels elle continua ses fer-
veurs. Elle ne s'excusait jamais quand on lui disait ses fautes, quoique