L e Château d'Argeronne se situe près de la Haye Malherbe (27)

L'hitoire de la Haye Malerbe (Charpillon Louis-E., Caresme Anatole, Dictionnaire historique de toutes les communes du département de l’Eure, Les Andelys : Delcroix, 1868, 960 p., t. II, p. 352-354.
Paroisse des : Dioc. d’Évreux. – Le Neubourg. – Bail., Vic. et Élec. de Pont-de-l’Arche. – Parl. et Gén. de Rouen.)

La Haye-Malherbe occupe l’emplacement d’un bois qui se trouvait sur la lisière de la forêt de Bord et qui avait appartenu à un premier concessionnaire nommé Malherbe[1].

La paroisse ne remonte pas au-delà du XIIe siècle, époque de la diffusion du culte de Saint-Nicolas.

On a découvert, en 1848, à la Haye-Malherbe, un trésor renfermant des bijoux romains d’une grande valeur; on y a trouvé des médailles antiques, des tuiles à rebords et des haches gauloises.

Le 23 juillet 1194, les délégués des rois de France et d’Angleterre, réunis entre Verneuil et Tillières, convinrent que la Haye-Malherbe resterait au roi d’Angleterre[2].

En 1206, Ranulfe Malherbe fut témoin d’une charte de Guillaume d’Ennebout[3].

Le roi Louis VIII donna, en 1225, à Martin Andoile, son sergent, ce qu’il avait à la Haye-Malherbe en échange du moulin que Philippe-Auguste lui avait donné au Vaudreuil.

Au mois d’octobre 1246, saint Louis étant à Pacy, donne à l’abbaye de Royaumont tout ce que Martin Andoile, mort sans postérité, avait possédé à la Haye-Malherbe.

Un arbitrage de Raoul de Grosparmi, évêque d’Évreux de 1261, entre les abbayes de Saint- Vandrille (sic) et de Royaumont, est daté de la Haye-Malherbe.

En 1281, l’évêque d’Évreux disposa de la dîme des novales de la Haye-Malherbe.

Lorsque saint Louis donné le domaine de la Haye-Malherbe à Royaumont, il avait retenu le patronage car en 1382 le roi de France est dit patron[4].

Les religieux de Royaumont convinrent en 1391, avec leurs hommes de la Haye-Malherbe, que la mesure à laquelle ils paieraient leurs rentes, seraient la rasière ou double boisseau contenant 3 boisseaux ¼, mesure de Paris.

Louis IX, en mourant le 30 août 1483, légua le patronage de la Haye-Malherbe au chapitre de Cléry où il avait choisi sa sépulture. Dès le XVe siècle, les tuileries de la Haye-Malherbe sont mentionnées dans les comptes du domaine de Louviers.

En 1523, N.H. Louis de Montfreville, de la Haye-Malherbe, produisit sa généalogie, il portait : d’argent, à 3 mouchetures d’hermine de sable.

Le procès-verbal de la réformation de coutume de Normandie de 1583 constate comme seul usage local de la vicomté de Pont-de-l’Arche, la disposition suivante :

  • - « Aux acquisitions qui se font constant le mariage, des héritages dépendant de la haute justice des abbés et religieux de Royaumont, au village de la Haye-Malherbe, les femmes y ont moitié en propriété. »
  • « Le droit de bourgage existait sur tous les biens à la Haye-Malherbe[5].


De 1611 à 1638, un orage ayant causé de graves dommages à la Haye-Malherbe, les habitants furent déchargés de la taille.

Le 9 mars 1649 pendant la Fronde, le comte d’Harcourt, commandant les troupes du roi, partit de la Haye-Malherbe pour aller au Troncq et attaquer ensuite le duc de Longueville. Chemin faisant, il s’empara du Neubourg.

À la fin du XVIIe siècle, Henri Martin était avocat et bailli de la Haye-Malherbe, Jean de Béthencourt était tabellion juré, et Nicolas Caresme était sergent de sergenterie de la Haye-Malherbe.

Royaumont conserva la seigneurie de la Haye-Malherbe jusqu’à la Révolution.

Fiefs.
  • 1° Argeronne était un plein fief de haubert, qui appartenait en 1645 à messire dom Berryer, comte de la Ferrière, près Domfront, secrétaire au Conseil, conseiller d’État.

    Messire Louis Berryer fit bâtir le château d’Argeronne de 1650 à 1655, et il mourut en 1686, lissant Jean-Baptiste et Nicolas-René Berryer.
    Ce dernier eut le fief d’Argeronne ; il devint Procureur Général du grand conseil et laissa pour héritier Nicolas-René, IIe du nom, qui mourut garde des sceaux le 15 août 1762, laissant trois filles, dont l’aîné épousa le président Lamoignon.

    Jean-Louis Berryer, comte de la Ferrière[6] hérita de la seigneurie d’Argeronne, mais il mangea toute sa fortune, et le 13 septembre 1774 les fief-terre et seigneurie d’Argeronne furent adjugés par la règle des créanciers devant les notaires du Châtelet de Paris, à messire Jean-Jacques-Pierre de Guenet, baron de Saint-Just, chevalier, conseiller en la grande chambre du parlement de Normandie, seigneur des Jonquerets, d’Aubricot et de la Pille, décédé en 1795.

    Louis-Alexandre-Clovis, marquis de Guenet, capitaine au régiment de la Reine-Dragons, chevalier de saint Louis, servit dans l’armée des princes et rentra en France en 1800 ; il fut alors remis en possession de la terre d’Argeronne, qu’il conserva jusqu’à sa mort en 1848.

    Aujourd’hui, cette terre appartient à M. le marquis Arthur de Guenet, fils du précédent, qui habite le château.

    De Guenet porte : d’azur au chevron d’or, accompagné de 3 dauphins d’argent.

  • 2° Les Hoguettes. Vers 1570, Jean Le Tellier, sieur des Hoguettes, vendit la sergenterie d’Huedebouville à Guillaume Le Chartier[7] ; il était remplacé en 1608 par Louis Le Tellier, sieur des Hoguettes.

    Jean Le Tellier, IIe du nom, sieur des Hoguettes, conseiller du roi était, en 1613, maître des eaux et forêts de Pont-de-l’Arche. Le sieur Le Tellier, maître particulier des eaux et forêts, mort en 1659, devait être son fils.

    Le Tellier : d’azur, à une tour d’argent maçonné de sable.

    Jean Baudry, esc., demeurant à la Haye-Malherbe en prenait le titre. Le 1er décembre 1669, un jugement le déclara usurpateur de noblesse ; il y eut un appel par Catherine Le Tellier sa femme, séparée quant aux biens.

    Baudry : d’azur à 3 besants d’argent entre 2 bandes d’or, accostées de 2 mollettes du même.

    Messire Louis Berryer, comte de la Ferrière, seigneur d’Argeronne, acheta les Hoguettes en 1672. Nicolas-René et Jean-Louis Berryer furent ensuite seigneurs des Hoguettes.

    Le domaine des Hoguettes appartient aujourd’hui à M. Fortier, de Louviers.

  • 3° Les Loups, Rouville ou Saint-Saire. Guillaume de Rouville dit Taupin, vendit en 1391 le fief Aux-Danois, qu’il possédait à Thuit-Signol. C’est lui qui a probablement laissé son nom au fief de Rouville ou Saint-Saire.

    N. H. Jacob ou Jacques Prudon, esc., conseiller du roi, vendit le 7 mai 1619, le fief Saint-Saire ou Rouville, à messire Nicolas Le Roux, baron de Bourgtheroulde[8].

    Vers 1620, le président Nicolas Le Roux, baron de Bourgtheroulde, mourut laissant deux fils : Claude, baron après lui, et Louis Le Roux, seigneur d’Imfreville, qui eut Saint-Saire dans son lot.

    Louis Le Roux, estimé de Richelieu et de Mazarin, devin intendant de la Marine du Levant et du Ponant; il épousa Marguerite d’Anviray, qui lui donna Louis, ci-après.

    Louis Le Roux, IIe du nom, sieur d’Imfreville, chevalier de Malte, capitaine des vaisseaux de guerre de Sa Majesté, devint commissaire général de la Marine de France ; il tenait, en 1683, Saint-Saire dit Fief-aux-Loups ou Rouville, 8e de haubert, relevant de Saint-Aubin-d’Écrosville ; il mourut en 1708, laissant pour héritier David-François Jubert, chevalier, seigneur de Chailly, à Gamaches, son petit-neveu, qui vendit la même année le fief de Saint-Saire à Nicolas-François Le Métayer, esc., sieur Des Champs, qui fit hommage.

    Le 29 mars 1719, ce 8e de fief avait colombier à pied, droit de tor et vert, avec des droits d’usage en la forêt de Bord.

    En 1734, M. Midi de Saint-Saire fut reçu conseiller auditeur aux Comptes à Rouen ; il avait acheté, la même année, le fief de Saint-Saire, il vivait encore en 1787.

    Midi : d’azur, au chevron d’or accompagné en chef de 2 étoiles du même et en pointe d’un croissant d’argent supportant une palme d’or brochant sur le tout ;

  • 4° Le Défends est une ferme où l’on voit les vestiges d’un petit fort qui dominait un vallon boisé ;

  • 5° Saint-Blaise doit son nom à une ancienne chapelle qui était certainement la léproserie du pays.

L 'actuel château d'Argeronne.

Le château est maintenant à la disposition du public.

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