Analyse de Vincent LECOMTE sur l'origine du patronyme GUENET

Date : mercredi 19 mars 2008 @ 16:40:12 :: Sujet : Généalogie


Analyse de Vincent LECOMTE sur l'origine du patronyme GUENET


 

Le fait de trouver des explications diverses sur un même patronyme ne doit pas dérouter, surtout si ce nom de famille est assez ancien.

Les altérations dues à l'usage que l'on a pu en faire, les mots sont comme les objets: ils s'usent si l'on s 'en sert!





Les fautes qui ont pu se produire lors des diverses transcriptions dans un monde où l'orthographe générale d'une part et celle des noms de personne d'autre part, n'avait pas la fixité à laquelle on s'attache aujourd'hui, il s'en faut, rendent les analyses difficiles.

De plus les différents spécialistes ne sont pas toujours d'accord entre eux et il faut bien reconnaître que la matière est difficile.

On trouve deux formes proches, QUENET et GUENET, dans le pays bigouden et l'on peut être tenté de les assimiler, surtout lorsqu'on connaît la mutation possible G/K à l'initiale des noms bretons.

Je serais incapable de dire pourquoi dans un cas il donne une étymologie en provenance du Vannetais (Vannes s'écrit Gwened en breton moderne) et dans l'autre le mot kened.

(note : on trouve cette déviation également dans le Pays de Caux où elle n'est due qu'à l'accent particulier de cette
région et non à une différence étymologique, voir descendance de Guillaume GUENET)

Une chose cependant ne penche pas en faveur d'une origine normande: la prononciation. Ces noms se prononcent en
faisant sonner le T final (un peu comme gouenette et quénette), je connais un nom authentiquement normand (JAMET)
qui provient de la région de St-Lô, et fixé à Châteaulin au milieu du XVIIIème siècle, le T final ne se prononce pas (jamé).

(note : ici aussi, je suis obligé de rappeler que, par exemple au Canada, Guenet s'est transformé en Guenette donc en "orthographiant" la prononciation du T final alors que le lien avec le patronyme original est parfaitement connu, voir descendance de Pierre GUENET)

D'autre part ce patronyme est resté rare dans la région (J'ai pisté cette famille, car je connais les descendants), alors que
les patronymes précédents sont, surtout pour le premier, assez communs en pays bigoudenn.


Il est exact que les gens bougeaient plus qu'on ne l'imagine généralement, mais il leur fallait une motivation puissante pour ce faire: la religion ou l'argent, par exemple.

J'ai l'exemple de gwerz (sorte de longue complainte racontant des faits divers souvent atroces: crimes, viols, etc...) qui raconte le triste sort réservé à certains marchands bretons venus dans la bonne ville de Rouen pour vendre au marché, ou foire locale; La gwerz est d'ailleurs si précise qu'il est presque possible, à quelques siècles de distance de se rendre compte dans quelle maison cela a eu lieu.

Mais on s'aperçoit que peu de gens bougent ainsi, ce sont surtout les marchands et les fonctionnaires de l'état: juges, notaires, militaires, douaniers... Ils sont souvent assez faciles à reconnaître. Par contre le menu peuple ne bouge pas tant que cela, surtout avant le XVIIIème.

De plus qui aurait la mauvaise idée de venir s'établir en pays bigoudenn, chez une peuplade ne connaissant pas la langue française, où  la terre est extrèmement avare et où il est difficile de survivre? Je ne pense pas qu'il existe un normand assez fou pour le faire (cf. les récits de Maupassant ou de Flaubert datant de la fin du XIXème).


De plus l'étude des langues actuelles nous montrent l'existence de doublons dont les origines sont parfaitement distinctes:
Wreck en allemand et wreck en breton (l'épave et la femme mariée, l'épouse!), salir en français et salir (partir) en espagnol, lira en français (du verbe lire) et lira en italien (qui vient de livra: la livre, le poids, la plupart des monnaies correspondant à un poids donné de métal) On
pourrait multiplier les exemples en cherchant bien. Il a dû en être de même pour la formation des noms de famille, et il est certainement possible de donner des origines différentes à deux noms semblant, à notre époque, se prononcer pareil, si leur origines géographiques ou si les locuteurs ayant formé ces noms sont d'origines différentes.

On trouve ce problème en Normandie où deux peuplades d'origine germanique on laissé des traces dans la toponymie: les Francs au V-VIème siècles et les Scandinaves au IX-Xème siècles.

Certains noms de lieu donnent des significations différentes si on considère le franc ou si l'on prend en compte le norois (Elbeuf en est un exemple frappant)


En conclusion, un domaine difficile, d'autant plus que le nom ou le toponyme est d'origine lointaine, géographiquement ou temporellement parlant.

Très cordialement.
LECOMTE Vincent







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